L’effet sur les marchés boursiers s’avère jusqu’ici surtout néfaste aux actions américaines. Elles sont, en effet, frappées plus durement que lors de la première guerre commerciale menée par Trump en 2018. L'indice S&P 500 est en baisse de plus de 8 % (en euros) depuis le début de l’année, alors que l'indice MSCI Monde Tous Pays excluant les États-Unis résiste mieux (+1%, en euros). Wall Street signe ainsi son pire début d'année par rapport au reste du monde depuis 1988 !
Quant au secteur, très prisé jusqu’il y a peu, de l’IT et de l'intelligence artificielle, il est aussi à la peine puisque les ‘Sept Magnifiques’ (à savoir Alphabet, Amazon, Apple, Meta Platforms, Microsoft, NVIDIA et Tesla) ont perdu 18 % de leur valeur sur la période.
Si les droits de douane imposés par Trump en 2018 n'ont pas eu d'impact significatif sur la performance des actions des entreprises internationales générant une grosse partie de leurs revenus aux Etats-Unis, c’est tout le contraire aujourd’hui. L'incertitude générée par le protectionnisme US et les craintes d'une éventuelle récession aux États-Unis commencent à les pénaliser elles aussi.
Les actions des groupes européens très actifs outre-Atlantique (en hausse de 5% cette année) sous-performent de 6% les actions des entreprises continentales exportant peu aux Etats-Unis (+11%). Il s’agit d’un changement radical par rapport à ce qui s’était passé entre janvier 2018 et juin 2019. A cette époque, elles avaient surperformé de 14%, la croissance américaine ayant bien résisté aux droits de douane.
Cela montre à quel point la stratégie « America First » du président Donald Trump suscite, paradoxalement, la défiance des investisseurs à l’égard des actions américaines et des sociétés qui génèrent une grosse partie de leurs revenus aux États-Unis. L'optimisme suscité par les politiques pro-croissance (baisse de la fiscalité et dérégulation) annoncées par Donald Trump n’est déjà plus qu’un lointain souvenir.
La hausse des droits de douane et les licenciements dans l'administration US font désormais craindre que cela puisse saper la confiance des acteurs économiques et finalement se révéler source de stagflation - une période caractérisée par une faible croissance et des pressions inflationnistes.
Cette crainte est d’ailleurs déjà perceptible en bourse puisque les actions qui prospèrent en période de stagflation (celles liées, notamment, aux métaux précieux et industriels ou aux secteurs défensifs comme les soins de santé) surperforment aux Etats-Unis de près de 15 % (en euros) depuis le début de l'année les actions les plus fragiles dans ce genre de scénario (comme l’IT, l’énergie ou les biens de consommation durables).
Autre manifestation de cette préoccupation, les valeurs refuges telles que l'or (+14 % depuis le début de l'année) et les obligations de bonne qualité crédit sont également davantage recherchées par les investisseurs.