Cela tient en partie aux préférences de l’investisseur, qui peuvent varier d’un marché à l’autre. En effet, dans certains pays, la majorité des épargnants privilégient les revenus générés sous forme d’intérêts ou de dividendes, constituant une rémunération régulière. Pour ce qui est des investisseurs transfrontaliers, ils pourraient préférer les fonds permettant de réinvestir les revenus dans des actions ou des parts supplémentaires du fonds.
Les raisons pour lesquelles un fonds est accessible aux résidents d’un pays et non à ceux d’un autre peuvent aussi être plus banales : coût de production de matériel de marketing pour un fonds dans la langue locale ou respect des formalités légales applicables à la vente de fonds. Cela s’applique en particulier si le gestionnaire d’actifs ne s’attend pas à des volumes de vente élevés dans ce pays spécifique et n’envisage pas d’investir considérablement sur place dans la commercialisation ou la distribution.
La taxation constitue parfois un obstacle. Alors qu’il existe des règles uniformes encadrant la vente de fonds à travers l’UE, les États membres sont libres d’appliquer leurs propres règles fiscales, à condition qu’ils ne favorisent pas les fonds locaux par rapport à ceux des autres pays de l’Union. Le traitement fiscal des différents types d’investissement peut peser sur la décision de vendre ou non un fonds à des résidents d’un pays en particulier.
Dans certains cas, les ressortissants d’un pays donné, notamment les Américains, peuvent avoir à payer des impôts à la fois dans leur pays d’origine et dans leur pays de résidence. Les institutions financières qui acceptent les dépôts ou investissements de la part de ces personnes sont tenues à des obligations spéciales de déclaration, ce qui explique que des gestionnaires d’actifs puissent refuser les opérations de ce genre avec des clients américains.
Tous les individus travaillant au Luxembourg et dans certains cas, résidant dans le Grand-Duché, ne sont donc pas soumis aux mêmes règles en matière d’investissement. Par conséquent, les banques et autres bailleurs de fonds peuvent décider, ou être dans l’obligation, de limiter les ventes à certains investisseurs. S’il y a bel et bien un marché unique pour les fonds de placement en UE, les gestionnaires d’actifs et les investisseurs n’ont pas encore vraiment atteint un niveau d’égalité totale.